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02/05/2011

Exception de civilisation

Il est curieux de nager à contre courant ce matin, et de ne pouvoir me résoudre à me  réjouir avec le reste du monde.

Ben Laden et mort. Et alors ?

Alors rien.

Sans revenir sur toute l’hypocrisie des formidables relations entre Ben Laden et les USA jusqu’au début des années 90, je ne vois aucune raison de me réjouir de la mort d’un homme, même criminel, sans un procès, sans une distanciation des faits.

Il y aurait plusieurs choses à dire. D’abord la mort de Ben Laden dans ces conditions concourt à faire de lui un martyr et non un criminel arrêté. Et croire que sa mort est le coup d’arrêt au terrorisme est une douce illusion (ou une manipulation…)

Mais ce qui me choque le plus, c’est la capacité de l’Humain à oublier les notions de justice et de morale. Nous sommes dans l’ère de l’exception. On est contre la peine de mort, sauf que là bon tu comprends il est quand même très très méchant. C’est la même nausée qui m’est venue quand je lisais des gens se réjouir de la mort de proches de Khadaffi, et se désoler qu’on ne l’ai pas eu lui. Qui sommes nous ? Des animaux de civilisations, venus éclairer des nations moins chanceuses, de nos lumineuses notions de démocratie et justice ?  Quelle est la victoire de la démocratie à trouver que « justice est faite » là où il n’y a qu’une opération de guerre et la capture mortel d’un criminel sans permettre le moindre procès, la moindre pédagogie civilisatrice ?

Devoir s’excuser de ne pas se réjouir de cette mort me rend triste, car on mélange tout. Les symboles de justice, la vengeance des victimes, la justice expéditive.

Nous sommes à l’ère de l’exception, et l’exception c’est la fin de la civilisation.

Je me suis offusquée, dans un tout autre domaine, de ceux qui exigeaient presque l’anéantissement social de Bertrand Cantat, au nom de la mémoire de sa victime : certes il a fait sa peine etc. Mais quand même qu’il veuille bien fermer sa gueule à tout jamais et arrêter de vivre. Une exception.

Idem pour ce qui nous occupe ce jour : la justice et les procès c’est chouette et tout, mais là quand même, quel enculé ce Ben Laden, il valait mieux le buter cash. Quant aux guerres « humanitaire » à géométrie variable, qu’est-ce qui justifie qu’on intervienne en Lybie, mais pas au Bahreïn, ni en Syrie, ni dans un tas d’endroits tout à fait connu des instances Onusiennes ?

Parle-t-on de morale ? De justice ? D’humanité ? Ou juste de la protection d’intérêts particuliers ?

Soyons exigeant avec nous-mêmes, faillir à notre humanité est la seule victoire du mal.

10:04 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (36) | Tags : oussama ben laden | |  Facebook | | | | Pin it!