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17/05/2011

Bistougate, morale et jugements de valeur

Depuis quelques jours que le pays est en état avancé de « sidération » devant l’affaire DSK, je passe de l’incompréhension, à la colère, pour revenir à la tristesse ou au dégout.

Quelles questions nous posent ces faits ? J’en vois plusieurs.

-Le danger de la personnalisation,

-L’idée que DSK est une perte en tant que candidat de gauche,

-Le danger de l’élitisme mal placé,

-Le danger de prendre partie pour l’un ou l’autre, devançant ainsi la justice,

-Le danger d’oublier ou pire de salir la victime,

 

 

Le danger de la personnalisation : faire une campagne autour d’un homme ou d’une femme, au lieu du programme. Depuis le début, cette histoire de primaires au PS pour désigner le bon candidat, si elle part d’une intention louable, faire l’unité, est mal goupillée. Tout cela souffre d’une seule maladie : l’absence d’union ferme et définitive autour d’un programme ferme et définitif lui aussi. Avec une vraie assise idéologique et un programme rêvé, travaillé, la question de l’homme ou de la femme qui porte les couleurs du PS devient secondaire. Là, nous avons assisté, malgré les démentis des uns et des autres, à une bataille d’égo faites de chausse-trapes et de gamineries. Et puis, dans une certaine mesure, on renouvelle l’erreur faite à l’époque de Delors : tout miser sur une personnalité, sous prétexte qu’elle plait à gauche comme à droite, sans se poser la question de la viabilité de la chose. Mettre en avant les compétences de DSK, le carnet d’adresse mondial de DSK, le bon rapport avec les médias de DSK etc.… au lieu de parler du fond, du programme, des idées, voilà où ça mène certains : à se retrouver avec du vide, une fois le candidat parfait hors course. Qu’on se le dise, l’important n’est pas de savoir si on va élire DSK ou Royal ou Hollande ou Aubry, mais plutôt quel programme le PS propose à la France, quelle alternative à l’UMP !

 

L’idée que DSK est une perte en tant que candidat de gauche. Voilà encore une erreur d’appréciation : considérer que DSK était (est ?) le meilleur candidat à Gauche… Mais DSK est-il seulement de gauche ? J’avais déjà fait part dans un précédent billet, , de mes doutes eu égard à son action au sein du FMI, et tout simplement au vu de ses convictions plus libérales que sociales…. Quel intérêt d’élire un socialiste à la tête de notre pays, s’il n’offre pas d’alternative au programme social et économique de l’UMP ? La question est simple à comprendre, personne n’apporte de réponses. Là encore, on en revient aux fondamentaux : établir un vrai programme de gauche (n’est-ce pas Lionel) et le faire porter par un candidat qui y adhère. Le reste c’est bullshit.

 

Le danger de l’élitisme mal placé. J’ai un peu regardé la télévision et lu la presse écrite, et qu’ai-je vu à longueur de commentaires : une presse et des hommes politiques s’émouvoir qu’un homme de la stature de DSK passe en jugement  entre une pute et un vendeur de coke. Et oui, voir un des "leurs" attendre son tour pour répondre d’une inculpation en public, cela en a troublé plus d’un. J’ai entendu des éditorialistes s’émouvoir, parce que en France nous ne sommes pas habitués, il y aurait eu un « protocole ». J’ai failli tomber de ma chaise…. Un protocole ?  Quel protocole ?? C’est le lot de tous les français que de risquer du jour au lendemain de se retrouver à subir l’humiliation d’une garde à vue et d’une présentation devant un juge,  le visage défait, l’air hagard… Il faudrait peut-être demander à certains d’enquêter sur le système judiciaire français, ou simplement d’aller dans les commissariats et tribunaux, où le seul protocole qui règne c’est le code pénal. Pauvre et riches pas même combat ? Je ne crois pas, non. Il y a des castes en France.  Je ne parle pas de l’essaim de journalisme et de l’attroupement médiatique qui font de DSK un inculpé à part, mais bien du fait de passer devant un tribunal normal avec des gens normaux : c’est une idée à laquelle nous ne sommes pas habitués…

 

Le danger de prendre partie pour l’un ou l’autre, devançant ainsi la justice : « il ne peut pas avoir fait ça », « que faisait-elle là », « c’est un complot ». Depuis deux jours, tout le monde (moi y compris peut-être) rejoue à New York SUV, chacun devenant enquêteur, psy, philosophe. Chacun de tirer ses conclusions, à charge ou à décharge d’ailleurs, la question n’est pas là. Ne pouvons-nous comprendre que quoique nous disions nous serons dans l’erreur ? S’il a commis ses actes, lui chercher des excuses est une insulte pour la présumé victime, s’il n’a rien fait, nos propos de condamnation sont un crime de plus. Et quoi qu’il soit, crime ou pas, c’est à la justice de se prononcer. La morale républicaine que j’invoque souvent devrait nous conduire à ne pas accabler même un présumé coupable ou une présumée affabulatrice. C’est peut-être le plus difficile pour nous autre citoyens, dans cette histoire, arriver à dépasser nos réflexes…

Le danger d’oublier ou pire de salir la victime : je suis effarée de l’oubli dans lequel le statut de victime présumée de cette jeune femme est tombé. Je ne reviendrais pas sur les saloperies et les clichés dont elle a fait l’objet déjà. On a eu droit même à notre philosophe de tarte à la crème aka BHL se posant des questions sur le professionnalisme de cette femme de chambre !!! Mais où va-t-on ! Et sans même aller jusqu’à parler de Tristane Banon, l’autre présumé victime, ne se demande-t-on pas pourquoi les victimes de viols éprouvent une telle difficulté à parler ? Il y aura toujours ces clichés, ces considérations sur l’habillement, le comportement, les « signes », bref tout ce qui auraient pu conduire un homme à prendre un NON (même hurlé) pour un oui. Pour une qui aura le courage de porter plainte et d’entendre pis que pendre, entre blagues salaces et méfiance sur la véracité des faits, combien se taisent ?

 

La discrétion et le respect, ce sont les qualités les pus difficiles à manier en la matière. Je ne dis pas que j’y arrive plus que d’autres, mais posons-nous ces questions.

18:28 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : dsk, dominique stauss-kahn, bistougate | |  Facebook | | | | Pin it!