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23/09/2011

Contre la peine de mort

Etre contre la peine de mort c’est une évidence pour moi. J’ai été élevée dans le respect de l’être humain, et infliger la mort de manière volontaire est impensable.

Pourtant, c’est encore une question cruciale que cette peine de mort. Entre les pays qui l’appliquent et ceux où certains voudraient la voir revenir, le combat contre la peine de mort est un combat de chaque jour.

J’aimerais ici juste aborder quelques points pour expliquer l’inanité de cette sentence. Les arguments ne manquent pas pour s’opposer à la peine de mort, en voici quelques uns.

La peine de mort n’est pas dissuasive : dans les états où elle est appliquée, elle ne provoque pas une baisse de la criminalité. De la même manière que son abolition ne provoque pas une hausse de la criminalité. C’est important de le noter et de  s’appuyer sur les enquêtes internationales à ce sujet. L’application de la peine de mort n’est pas dissuasive, elle n’a aucune force de prévention. Au contraire, les criminels savent qu’ils n’ont plus rien à perdre et sont d’autant plus violents. Il est même fascinant de constater comme les chiffres de la criminalité sont justement plus élevés là où la peine capitale est appliquée.

La peine de mort s’appuie sur une justice faillible, et peut s’abattre sur des innocents : en préambule, je tiens à préciser que je suis contre la peine de mort même si l’accusé concerné est coupable et archi coupable des pires atrocités sans le moindre doute. La question de l’innocence n’est pas exclusive en l’occurrence. Il faut juste rajouter qu’en plus d’ôter de manière barbare la vie à des assassins, nous rangeant ainsi nous-mêmes au rang des assassins, nous courrons le risque d’appliquer une sentence irrémédiable à des cas qui ne sont finalement étudiés qu’à notre niveau, faillible, d’êtres humains. La justice est imparfaite parce qu’humaine. Les enquêtes à charge et à décharge sont susceptibles d’erreurs. Comment revenir sur ces erreurs, si la peine est définitive ? On se targue de réparer un crime par la peine capitale, en prenant le risque de ne pas réparer les erreurs même de la justice. Quel paradoxe. Les moyens financiers et humains de la justice sont limités, les erreurs sont possibles, on le voit chaque jour. Et puis la malignité, l’esprit de vengeance peut conduire à mentir lors d’une procédure, cela se voit aussi. Et que dire de ces pays non démocratiques qui usent de la peine de mort pour réduire au silence les opposants ? Encore une fois, on ne peut faire d’exception au refus de la peine de mort : une exception en entraîne une autre…

La peine de mort est injuste : un riche se défend plus facilement qu’un pauvre. Dit comme cela, ça fait simpliste, et pourtant. On a vu ci-dessus que les moyens de la Justice sont limités, et ne garantissent pas l’équité d’une procédure. Que penser d’un système judiciaire où l’argent garantit le meilleur avocat, les meilleurs experts, des enquêteurs privés et motivés ? Un système où le pauvre n’a à sa disposition que le minimum judiciaire requis, avec tout ce que ça suppose d’avocats débordés, peu impliqués, ou simplement sans moyens matériels d’apporter des éléments favorables à l’accusé ? L’accès aux technologies nouvelles de la génétique judiciaire par exemple est extrêmement coûteux. Les procédures d’appel sont tout aussi chères, et peuvent dissuader d’agir.

La peine de mort évite de poser la question de la réforme d’un système social et pénitentiaire : justement, toutes ces questions de financement de la Justice, pour un accès équitable à tous, les questions de dignité dans l’enfermement aussi, et bien cela disparaît avec la peine de mort et le décès programmé des prisonniers. La peine de mort s’affranchit de l’obligation de soin des malades mentaux : il est plus simple d’assassiner l’assassin que de le soigner.

La peine de mort n’autorise pas la réinsertion, la réhabilitation, elle nie la possibilité de s’amender et réduit l’homme à un acte isolé, ou une série d’actes. Quel échec que celui d’une société qui ne voit de solution dans le crime que de supprimer le criminel ! Que devient le corps social ? Son rôle fondamental d’élévation et d’éducation ? Que deviennent nos principes humains, qui nous font dire que l’homme est un être qui change, qui évolue, qui est accessible à la compréhension. La peine de mort crache sur la rédemption, sur la réhabilitation. Elle ne conçoit que des êtres parfaits dans un monde parfait. Or qui peut s’avancer devant les autres et se qualifier ainsi de parfait et juger ses frères ? Qui ? Il ne s’agit pas de tendre l’autre joue, mais d’avoir foi en l’être humain, de considérer que l’erreur la plus atroce, la plus monstrueuse, n’autorise pas à condamner définitivement un être humain.

La peine de mort ne respecte pas le droit fondamental à la vie. Oui c’est une phrase évidente, mais il faut le redire. Le droit à la vie est un principe absolu et fondamental garanti par les articles 3 et 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.

Article 3.

Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Article 5.

Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Encore une évidence : la mort tue. Tuer c’est mal. Et on entendrait punir le mal par le mal ? La loi du Talion est d’un autre temps. La société n’a pas à donner le mauvais exemple, et pour citer Victor Hugo : " Que dit la loi ? Tu ne tueras pas ! Comment le dit-elle ? En tuant ! " Paradoxe meurtrier qui entend faire des lois violant la plus fondamentale des lois.

La peine de mort ne respecte pas les conventions contre la torture et les actes de barbarie. Le temps d’attente dans le couloir de la mort, qui peut durer des années, est un moment prolongé d’angoisse pour le condamné et ses proches. Parfois, avec le « jeu » des appels de dernière minute, le condamné reste sanglé en attente de la minute fatale, comme Troy Davis a attendu près de quatre heures, une aiguille dans la veine. Qui peut imaginer un instant la souffrance morale endurée ? Que dire aussi des multiples méthodes de mise à mort, parfois menée par des personnels non formés, qui bâclent, qui s’y prennent à plusieurs fois. Et les méthodes de chaises électriques ou de pendaison font durer l’agonie de longues minutes. On rajoute du crime au crime, encore et encore.

La peine de mort affecte au-delà du seul condamné : le bourreau, les familles, la société toute entière. Il y a des enquêtes qui démontrent que les personnels affectés aux exécutions capitales souffrent parfois d’état psychologiques gravement détériorés. Quant aux familles des condamnés, on imagine aisément les désastres dont ils peuvent souffrir, années après années.

Alors oui, réaffirmons : la peine de mort est un acte barbare.

Je rajouterais, de mes convictions personnelles, que ce qui fait la grandeur de l’homme, sa force, ce qui l’élève au dessus de sa condition de bête, c’est le respect de la vie. Ce respect ne peut connaître aucune exception. On me donne souvent en argument les actes des pédophiles, des assassins de personnes âgées, etc. Quelle valeur a notre justice d’homme, s’il faut être assassin pour rendre la justice ? C’est important de le redire.

La hiérarchie des crimes passibles de peine de mort est une hypocrisie. Dire, je suis contre la peine de mort, sauf pour tel ou tel crime, est déjà un échec.

Le rôle de l’état est de se substituer à la Loi du Talion, avec une Justice qui pacifie et régule, et ne répond pas à des pulsions de vengeance que nous aurions tous, moi la première.

La peine de mort, je suis contre par principe, et il y a des principes auxquels on ne déroge pas sans perdre sa propre dignité.

21:38 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (4) | |  Facebook | | | | Pin it!

20/09/2011

Une victime

On n'est jamais une sainte sans être une victime, mais on peut être une victime sans être une sainte. 

Alfred Capus.

 


C’est fou comme les gens aiment écrire et discourir sur des sujets qu’ils ne connaissent pas.

Prenez la « bonne » attitude à avoir en cas de viol. Combien de conneries n’ai-je lu sur ce qu’aurait fait une victime de viol, une vraie s’entend. Pas comme ces Diallo et ces Banon de bas étages, avides de lumière et de célébrités, et d’argent aussi quand même…

C’est quoi une bonne victime ?

C’est quoi une victime qui a l’air crédible ?

Et c’est quoi un coupable qui a l’air crédible ?

On pourra reprocher à l’une d’avoir trop attendu pour porter plainte, et à l’autre de s’être précipiter au contraire.

On pourra reprocher à l’une trop de larmes (est-ce surjoué ?) et à l’autre ses rires trop nerveux.

Qui possède le manuel de la bonne victime ? Moi je ne l’ai pas.

Moi je sais que quand il a fallu porter plainte pour une agression physique, tout ce qui me traversait l’esprit c’était les mots honte, qu’en dira-t-on, peur, crédible, inutile, peur, honte, peur, honte. Inutile. Honte.

Il suffit d’attendre un peu trop tard et c’est déjà trop tard.

Comment peut-on rejeter d’emblée une présumée victime, parce que nous avons des idées de ce que doit être la « bonne » victime ?

Je ne sais pas si ces lignes servent à quelque chose, mais j’en ai juste assez de lire tout et n’importe quoi sur le comportement idéal de la victime idéale.

Qui sait ce qui se cache dans la vie de chacun de nous ? Tirer des conclusions hâtives, sans réfléchir à la complexité de l’être humain en face de soi, c’est juste à vomir.

Chacun réagit à sa mesure. 

20:56 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (1) | |  Facebook | | | | Pin it!

DSK peut aller mourir en silence dans son hôtel particulier.

D'abord publié sur le plus.obs. 

 

Le tout récent abandon des charges par le procureur dans l’affaire DSK semble conduire certains à tirer de rapides conclusions. On entend déjà ici ou là les soutiens politiques de Dominique Strauss Kahn en France expliquer que ce dernier est indispensable à la Gauche et à la France.

J’ai un problème, je crois bien que la socialiste que je suis ne peut se résoudre à voir DSK jouer à nouveau un rôle important au sein du part.

 

J’ai pris ma carte au MJS à l’âge de 15 ans, la tête pleine d’idéaux auxquels je crois toujours. Et naturellement, vers 17 ans, j’ai adhéré au PS. S’en sont suivi des années de collages, tractages, diff’, réunion, porte à porte, bref le quotidien du militant.

Je n’ai jamais songé à quitter le PS, même après la fameuse phrase de Lionel Jospin : « mon programme n’est pas un programme socialiste », ni même après la débâche du 21 avril, et le spectacle pitoyable des cadres qui se rejetaient la faute les uns sur les autres. L’essentiel était de rester, de reconstruire et d’être une voix parmi les autres.

 

Mais il y a une maladie qu’on ne sait pas guérir, c’est celles des « courants », et des écuries de présidentiables.

Se battre pour des idées, oui, s’affronter, comparer, proposer des solutions différentes, c’est la beauté des courants au sein du PS, et on ne peut s’offenser qu’il existe un débat, loin de là. Mais il faut savoir de quoi l’on parle. La mise en avant des candidats au détriment des idées a toujours été une plaie dévastatrice. Encore plus quand il s’est agit du candidat DSK.

 

Avant ses ennuis judiciaires américains, j’avais pensé à ne pas faire la campagne de 2012 au sein du PS, si le candidat désigné était Dominique Strauss Kahn, pour des raisons purement idéologiques.

La vision économique et sociale de Dominique Strauss Kahn fait à mes yeux de lui un homme très éloigné des idées de gauches. Au mieux il est une sorte de social libéral bon teint. Et, au regard de l’état de notre pays, de la paupérisation des classes moyennes, de la misère galopante des uns et de l’enrichissement massivement indécent des autres, DSK n’était pas la personne à même de changer cette donne.

 

L’affaire Naffisatou Diallo et le déversement de ragots, d’histoires plus ou moins fondés sur ses pratiques personnelles, sont venus bouleverser ses ambitions.

Pourtant, maintenant que cette affaire est derrière lui, ses partisans voudraient qu’ils soient encore une voix à écouter au PS.

Soyons clair : je ne veux pas ici être plus royaliste que le roi et dire qu’il est coupable dans l’affaire de mœurs en question, et qu’il doit donc se retirer. Les charges sont abandonnées, tant mieux pour lui. Mais il n’en reste pas moins certaines vérités.

 

L’affaire Piroska Nagy aurait du être une sérieuse alerte.

Entendons nous bien, que l’on batifole, que l’ont fidèle, infidèle, je m’en fiche. Ce qui me chagrine, c’est qu’on a eu avec DSK le portrait d’un homme peu fiable, prêt à se compromettre pour une affaire de jupons, il l’a admis lui-même dans des interviews, c’est son talon d’Achille. Je ne veux pas prôner une hypocrisie des mœurs et dire que chacun fait ce qu’il veut tant qu’il ne se fait pas chopper, mais il y a un cadre à observer.

Le cadre, c’est l’image de la France, sa sécurité, sa fiabilité. La confier à un homme qui ne respecte pas cette image, est une erreur. L’affaire Nafissatou Diallo restera une tâche, parce qu’on a eu un homme qui a commencé par nier, par dire qu’il n’était pas sur les lieux, qu’il y était mais que rien ne s’est passé, puis qu’il y était et que c’était une relation consentie etc.… Quoiqu’il se soit passé, on ne le saura jamais, mais même si l’on reste sur la base d’une relation consentie, tarifée ou non, quelle conclusion en tirer ? Une personnalité importante qui se fait la bonniche pour paraphraser un de nos grands « journaliste »… Est-ce là l’image du candidat de gauche idéal ? N’avons-nous pas assez de talents au sein du PS qu’on doivent l’attendre avant d’agir ?

 

Viol ou pas viol, la levée de bouclier machiste et sexiste qui a suivi l’arrestation de DSK n’est pas à porter à son crédit : elle révèle des pratiques, une considération avilissante de la femme, d’un autre temps, d’une autre génération, que DSK symbolise. Nous avons eu droit, pour sa défense par ses amis, à tous les clichés sexistes possibles : « pas son genre » « pas assez jolie » « c’est juste une affaire de troussage de domestique »

 

Puis nous avons eu droit à une levée de bouclier élitiste : comment un homme de sa stature peut-il être traité ainsi ? J’ai un peu regardé la télévision et lu la presse écrite, et qu’ai-je vu à longueur de commentaires : une presse et des hommes politiques s’émouvoir qu’un homme de la stature de DSK passe en jugement  entre une pute et un vendeur de coke. Et oui, voir un des "leurs" attendre son tour pour répondre d’une inculpation en public, cela en a troublé plus d’un. J’ai entendu des éditorialistes s’émouvoir, parce qu’en France nous ne sommes pas habitués, il y aurait eu un « protocole ». J’ai failli tomber de ma chaise…. Un protocole ?  Quel protocole ?? C’est le lot de tous les français que de risquer du jour au lendemain de se retrouver à subir l’humiliation d’une garde à vue et d’une présentation devant un juge,  le visage défait, l’air hagard… Il faudrait peut-être demander à certains d’enquêter sur le système judiciaire français, ou simplement d’aller dans les commissariats et tribunaux, où le seul protocole qui règne c’est le code pénal. Pauvre et riches pas même combat ? Je ne crois pas, non. Il y a des castes en France.  Je ne parle pas de l’essaim de journalisme et de l’attroupement médiatique qui font de DSK un inculpé à part, mais bien du fait de passer devant un tribunal normal avec des gens normaux : c’est une idée à laquelle nous ne sommes pas habitués…

 

Il faut de toute façon du changement, passer à une autre forme de rapport homme-femme,  élite-peuple, au sein de la société et de la politique. Et le changement ne se fait pas avec des « don juan » pour rester polie…

 

Le PS a en son sein bien des talents, pour qu’on puisse se passer des compétences de DSK.

Quant à ses fameuses compétences, à cette grande intelligence économique qu’on lui prête tant, je la remets en cause.

Qu’y a-t-il d’intelligent à défiscaliser les stock-options, ainsi que l’a fait DSK dans le gouvernement Jospin ?

Qu’y a-t-il d’intelligent à interdire l’instauration d’une forme de  SMIC en Ukraine ?

Qu’y a-t-il d’intelligent à imposer les restructurations, pour ne pas dire la mort, des services publics en Grèce et en Irlande, suite à la crise bancaire ? Punir les victimes des banques est de gauche ?

Qu’-y a-t-il d’intelligent à approuver l’infamante réforme des retraites voulu par le gouvernement de François Fillon ? Ses propos «  On vit 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans » (Le Figaro, 20 mai 2010)  lui ont valu les remerciements publics de Eric Woerth, pendant que les français manifestaient en vain….

Qu’y a-t-il d’intelligent à vouloir «  créer une concurrence entre les établissements et mettre fin à l’hypocrisie du diplôme unique. » ?

Qu’y a –t-il d’intelligent à privatiser un fleuron tel que France Telecom, avec le désastre managerial et social que cela a engendré par la suite ?

Qu’y a-t-il d’intelligent à se débarrasser de Air France, d’EADS, et de tellement d’autres « bijoux » de la république, que DSK est l’homme qui a le plus privatisé en France ? Le résultat : on privatise les bénéfices et on fait payer à l’état les déficits. Brillant…

Qu’y a-t-il d’intelligent à perdre la cassette Méry ? La fameuse cassette du collecteur des fonds secrets du RPR, au centre de l’affaire des HLM de Paris notamment… C’est pour le moins idiot…

 

Je ne vois ce que j’aurais à faire au sein d’un parti qui oublierait tout cela pour accueil DSK tel un nouveau fils prodigue.

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