20/09/2011
DSK peut aller mourir en silence dans son hôtel particulier.
D'abord publié sur le plus.obs.
Le tout récent abandon des charges par le procureur dans l’affaire DSK semble conduire certains à tirer de rapides conclusions. On entend déjà ici ou là les soutiens politiques de Dominique Strauss Kahn en France expliquer que ce dernier est indispensable à la Gauche et à la France.
J’ai un problème, je crois bien que la socialiste que je suis ne peut se résoudre à voir DSK jouer à nouveau un rôle important au sein du part.
J’ai pris ma carte au MJS à l’âge de 15 ans, la tête pleine d’idéaux auxquels je crois toujours. Et naturellement, vers 17 ans, j’ai adhéré au PS. S’en sont suivi des années de collages, tractages, diff’, réunion, porte à porte, bref le quotidien du militant.
Je n’ai jamais songé à quitter le PS, même après la fameuse phrase de Lionel Jospin : « mon programme n’est pas un programme socialiste », ni même après la débâche du 21 avril, et le spectacle pitoyable des cadres qui se rejetaient la faute les uns sur les autres. L’essentiel était de rester, de reconstruire et d’être une voix parmi les autres.
Mais il y a une maladie qu’on ne sait pas guérir, c’est celles des « courants », et des écuries de présidentiables.
Se battre pour des idées, oui, s’affronter, comparer, proposer des solutions différentes, c’est la beauté des courants au sein du PS, et on ne peut s’offenser qu’il existe un débat, loin de là. Mais il faut savoir de quoi l’on parle. La mise en avant des candidats au détriment des idées a toujours été une plaie dévastatrice. Encore plus quand il s’est agit du candidat DSK.
Avant ses ennuis judiciaires américains, j’avais pensé à ne pas faire la campagne de 2012 au sein du PS, si le candidat désigné était Dominique Strauss Kahn, pour des raisons purement idéologiques.
La vision économique et sociale de Dominique Strauss Kahn fait à mes yeux de lui un homme très éloigné des idées de gauches. Au mieux il est une sorte de social libéral bon teint. Et, au regard de l’état de notre pays, de la paupérisation des classes moyennes, de la misère galopante des uns et de l’enrichissement massivement indécent des autres, DSK n’était pas la personne à même de changer cette donne.
L’affaire Naffisatou Diallo et le déversement de ragots, d’histoires plus ou moins fondés sur ses pratiques personnelles, sont venus bouleverser ses ambitions.
Pourtant, maintenant que cette affaire est derrière lui, ses partisans voudraient qu’ils soient encore une voix à écouter au PS.
Soyons clair : je ne veux pas ici être plus royaliste que le roi et dire qu’il est coupable dans l’affaire de mœurs en question, et qu’il doit donc se retirer. Les charges sont abandonnées, tant mieux pour lui. Mais il n’en reste pas moins certaines vérités.
L’affaire Piroska Nagy aurait du être une sérieuse alerte.
Entendons nous bien, que l’on batifole, que l’ont fidèle, infidèle, je m’en fiche. Ce qui me chagrine, c’est qu’on a eu avec DSK le portrait d’un homme peu fiable, prêt à se compromettre pour une affaire de jupons, il l’a admis lui-même dans des interviews, c’est son talon d’Achille. Je ne veux pas prôner une hypocrisie des mœurs et dire que chacun fait ce qu’il veut tant qu’il ne se fait pas chopper, mais il y a un cadre à observer.
Le cadre, c’est l’image de la France, sa sécurité, sa fiabilité. La confier à un homme qui ne respecte pas cette image, est une erreur. L’affaire Nafissatou Diallo restera une tâche, parce qu’on a eu un homme qui a commencé par nier, par dire qu’il n’était pas sur les lieux, qu’il y était mais que rien ne s’est passé, puis qu’il y était et que c’était une relation consentie etc.… Quoiqu’il se soit passé, on ne le saura jamais, mais même si l’on reste sur la base d’une relation consentie, tarifée ou non, quelle conclusion en tirer ? Une personnalité importante qui se fait la bonniche pour paraphraser un de nos grands « journaliste »… Est-ce là l’image du candidat de gauche idéal ? N’avons-nous pas assez de talents au sein du PS qu’on doivent l’attendre avant d’agir ?
Viol ou pas viol, la levée de bouclier machiste et sexiste qui a suivi l’arrestation de DSK n’est pas à porter à son crédit : elle révèle des pratiques, une considération avilissante de la femme, d’un autre temps, d’une autre génération, que DSK symbolise. Nous avons eu droit, pour sa défense par ses amis, à tous les clichés sexistes possibles : « pas son genre » « pas assez jolie » « c’est juste une affaire de troussage de domestique »
Puis nous avons eu droit à une levée de bouclier élitiste : comment un homme de sa stature peut-il être traité ainsi ? J’ai un peu regardé la télévision et lu la presse écrite, et qu’ai-je vu à longueur de commentaires : une presse et des hommes politiques s’émouvoir qu’un homme de la stature de DSK passe en jugement entre une pute et un vendeur de coke. Et oui, voir un des "leurs" attendre son tour pour répondre d’une inculpation en public, cela en a troublé plus d’un. J’ai entendu des éditorialistes s’émouvoir, parce qu’en France nous ne sommes pas habitués, il y aurait eu un « protocole ». J’ai failli tomber de ma chaise…. Un protocole ? Quel protocole ?? C’est le lot de tous les français que de risquer du jour au lendemain de se retrouver à subir l’humiliation d’une garde à vue et d’une présentation devant un juge, le visage défait, l’air hagard… Il faudrait peut-être demander à certains d’enquêter sur le système judiciaire français, ou simplement d’aller dans les commissariats et tribunaux, où le seul protocole qui règne c’est le code pénal. Pauvre et riches pas même combat ? Je ne crois pas, non. Il y a des castes en France. Je ne parle pas de l’essaim de journalisme et de l’attroupement médiatique qui font de DSK un inculpé à part, mais bien du fait de passer devant un tribunal normal avec des gens normaux : c’est une idée à laquelle nous ne sommes pas habitués…
Il faut de toute façon du changement, passer à une autre forme de rapport homme-femme, élite-peuple, au sein de la société et de la politique. Et le changement ne se fait pas avec des « don juan » pour rester polie…
Le PS a en son sein bien des talents, pour qu’on puisse se passer des compétences de DSK.
Quant à ses fameuses compétences, à cette grande intelligence économique qu’on lui prête tant, je la remets en cause.
Qu’y a-t-il d’intelligent à défiscaliser les stock-options, ainsi que l’a fait DSK dans le gouvernement Jospin ?
Qu’y a-t-il d’intelligent à interdire l’instauration d’une forme de SMIC en Ukraine ?
Qu’y a-t-il d’intelligent à imposer les restructurations, pour ne pas dire la mort, des services publics en Grèce et en Irlande, suite à la crise bancaire ? Punir les victimes des banques est de gauche ?
Qu’-y a-t-il d’intelligent à approuver l’infamante réforme des retraites voulu par le gouvernement de François Fillon ? Ses propos « On vit 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans » (Le Figaro, 20 mai 2010) lui ont valu les remerciements publics de Eric Woerth, pendant que les français manifestaient en vain….
Qu’y a-t-il d’intelligent à vouloir « créer une concurrence entre les établissements et mettre fin à l’hypocrisie du diplôme unique. » ?
Qu’y a –t-il d’intelligent à privatiser un fleuron tel que France Telecom, avec le désastre managerial et social que cela a engendré par la suite ?
Qu’y a-t-il d’intelligent à se débarrasser de Air France, d’EADS, et de tellement d’autres « bijoux » de la république, que DSK est l’homme qui a le plus privatisé en France ? Le résultat : on privatise les bénéfices et on fait payer à l’état les déficits. Brillant…
Qu’y a-t-il d’intelligent à perdre la cassette Méry ? La fameuse cassette du collecteur des fonds secrets du RPR, au centre de l’affaire des HLM de Paris notamment… C’est pour le moins idiot…
Je ne vois ce que j’aurais à faire au sein d’un parti qui oublierait tout cela pour accueil DSK tel un nouveau fils prodigue.
20:37 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (1) | | Facebook | | |
Commentaires
Je plussoie!!! Merci ma cop des LB.
Écrit par : annnieday | 20/09/2011
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