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25/04/2011

(Se)Cassez (la tête)

florence-cassez-143894639c4.jpgLe début de l’année a vu venir sur le devant de la scène l’affaire Florence Cassez, à la faveur d’une nouvelle étape de la procédure judiciaire au Mexique.

Florence Cassez, vous vous en souvenez, c’est cette jeune française interpellée lors d’un coup de filet au Mexique contre une bande de kidnappeurs. Depuis son arrestation, la jeune fille n’a eu de cesse de clamer son innocence, son seul crime aurait été de n’avoir pas vu les agissements criminels de son fiancé mexicain. Ses protestations d’innocence n’ont pas convaincu la justice mexicaine, qui l’a donc condamné à quelques soixante ans de prison.

Pour les détails de l’affaire et le fait de savoir si sa culpabilité est avérée ou pas, je vous laisse seul juge : j’ai envie de dire que sa culpabilité ou son innocence ne sont pas l’enjeu de mes propos ici.

Cette affaire revêt pour moi des caractéristiques qui me font sortir de mes gonds, un peu comme à la grande époque de l’affaire Betencourt (Ingrid, pas Liliane…) Le schéma est simple : on a une jeune femme emprisonnée quelque part dans le monde, et on ne se pose pas de questions avant de faire moult pétitions, articles, associations de soutien, j’en passe et des meilleurs.

Deux choses me gênent, deux aspects plutôt.

Le premier aspect est cette promptitude (oui…) que certains ont eu à déclarer le Mexique presque comme terre ennemie des Droits de l’Homme, suite à l’incarcération de Florence Cassez, et au refus de sa libération. Avec des propos fermes et définitifs, des représentants de l’élite (hum) de notre pays ont fustigé la justice mexicaine. On a mis en doute la probité des juges mexicains, la valeur du jugement rendu. On a assaisonné d’invectives les enquêteurs de l’affaire. Pour tout dire, nous avons traité le Mexique comme un pays arriéré et non démocratique. Certains, et des plus importants, tels que Fréderic Mitterrand, Michèle Alliot- Marie, Nicolas Sarkozy, ont simplement exprimé que cette affaire Cassez était une affaire d’état, une insulte aux droits de l’homme etc.… Les propos sont graves et amateurs. Déjà on se permet de commenter l’autorité de la chose jugée, ce qu’on doit se garder de faire y compris pour notre propre justice nationale, mais là, aller expliquer à un pays comment sa justice doit fonctionner, on marche sur la tête.

D’autant que si l’on veut bien se pencher sur la question des faits, comme c’est le cas sur cet article (click click) (le lien c’est http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2011/02/16/florence-cassez-respect-pour-le-mexique.html) on pourra avoir un autre point de vue, quant à la matérialité des faits et à l’innocence de la jeune demoiselle.

L’autre aspect de cette affaire qui tend à m’agacer, est l’élévation de cette jeune fille en une sorte de sainte, de jeune vierge à protéger du grand méchant loup mexicain. Partout dans la presse française, les articles sont uniquement à décharge, et aucun ne présente l’affaire dans son ensemble, avec au moins un point de vue des victimes de ces enlèvements et meurtres. Toujours, on ne voit que Florence Cassez, joliment maquillée mais pas trop, derrière les barreaux de sa prison, et l’accent est régulièrement mis sur sa fragilité. Pour tout dire je trouverais cela sexiste, si ce n’était grotesque. Nous avions eu droit à la même antienne avec Ingrid Betencourt : Sainte-Ingrid en sa jungle…

J’aimerais que l’on ait une pensée pour les prisonniers français bien moins médiatiques. Je pense notamment à Mickael Blanc (site d’info : http://www.michael-blanc.com/) ou à Salah Hamouri (site d’info : http://www.salah-hamouri.fr/) Ce sont des prisonniers dont on ne parle quasiment jamais, dont les photos ne seront jamais affichées sur le parvis d’une mairie, et qui attendent dans des prisons suite à des procès bien moins démocratiques que celui dont a pu bénéficier Florence Cassez. Ils doivent certainement manquer de glamour aux yeux de nos autorités françaises..

Dédier l’Année du Mexique à une condamnée, c’est faire une insulte à un pays de civilisation, démocratique, et en proie à une vague de criminalité atroce…

Pour finir, en tant qu’être humain, j’aurais aimé que notre diplomatie fonctionne comme devrait le faire toute diplomatie : avec tact et discrétion, et non pas avec cette morgue et cette suffisance qui caractérise la manière sarkozyste.

Les parents de Florence Cassez aurait eu tout intérêt à faire négocier un transfèrement pour raison humanitaire, pour un rapprochement familial, plaider cela, plutôt que d’aller affronter le Mexique sur le terrain de la validité juridique de la condamnation…

Curieux choix.

23:21 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : florence cassez, diplomatie | |  Facebook | | | | Pin it!

20/04/2011

Escroquerie de marché

Hier soir il y avait une émission sur le logement en France, du luxe à la galère. Je ne l’ai pas regardé. Je n’ai pas aimé le titre, réducteur. Le problème du logement est une des plus vastes escroqueries de ce pays.

« Les réglementations ont aussi un effet pervers. On parle de « marché du logement » : si c'était un vrai marché, comme il y a une énorme demande, on construirait n'importe où. Heureusement, on régule ce marché, au nom de l’environnement, de la protection des paysages… On dit que c'est un marché, mais il n'arrête pas de produire de la norme, et la seule chose qui est libre c'est le prix, le loyer. Tout le reste est réglementé, et du coup, le prix n'a plus aucun sens : il n'est plus lié au coût de production du logement, ni à son coût d'entretien et de renouvellement. C'est un faux marché. Soit c'est libre, et alors on construit n'importe où, et les prix vont s'effondrer, soit c'est réglementé, et les loyers devraient l'être aussi. »  (Rue89)

 Je hais l’idée de la rente, l’idée que quiconque puisse être plus riche de son fauteuil, qu’une personne qui se lève tout les matins pour gagner sa vie. Aujourd’hui, ceux à qui le logement est le moins accessible, c’est cette armée de l’ombre qui travaille ses 35 heures ou plus, souvent fractionnées, qui courent après les heures payées au SMIC. Ces gens qui ont un CDI payé au salaire médian 2010 de 1580 € maximum… Maximum. « Les 1 580 €uros de salaire médian, 18 990 €/an, représentent ainsi une barrière, c’est à dire que 50 % des français gagnent moins que cela par mois et les 50 % d’autres gagnent plus. Dans la réalité statistique, ce sont donc les extrêmes qui comptent le plus. 10 % des français ont moins de 877 €/mois tandis que les 10 % les plus riches ont quant à eux au moins 2 962 €/mois de salaire. » (Sources Insee).  Mais il y a pire encore. Un lumpenproletariat structurel « Dès lors, la médiane tombe à 1332 euros. Mais c’est dans le bas de l’échelle que se font ressentir les différences. Les 25 % des salariés les moins bien payés touchaient moins de 9 000 euros net par an, soit à peine 73% du Smic, pour un revenu moyen de 3 710 euros, soit 30% du Smic. » (Source Marianne2)

Le loyer représente une part toujours plus importante des finances. A tort. C’est un marché protégé, avec des prix maintenus artificiellement. Prenez des propriétaires qui voient dans leur locataire une vache à lait, des salaires tirés toujours plus vers le bas malgré des qualifications en hausse, et vous aurez une situation révolutionnaire.

Ah non, pas en France. En France, on n’entend pas encore parler de désespérés qui s’immolent par le feu parce qu’ils ne peuvent se loger. En tout cas on n’en parle pas à la télévision, cette lucarne lobotomisant consciencieusement les foules. Mais on entend parler de gens qui meurent dans les flammes de leur taudis loué à prix d’or. Comme si notre indifférence les immolait.

Que faut-il pour que nous réagissions ? Moi, vous… Quelle limite l’indécence doit-elle franchir pour être insupportable ? Quelles excuses allons-nous encore trouver pour laisser les riches devenir encore plus riches ? Les pauvres encore plus pauvres ? Et nous ? Idiots de salariés ? Imbéciles esclaves consentants d’un système qui perd la tête… Nous formons nos propres chaînes, moi la première. Je dis souvent que j’aime la beauté où qu’elle se trouve, dans la musique, dans les livres, dans les vêtements…Toutes choses qui se financent.. je reste là avec mes contradictions honteuses, à accepter qu’un idiot exploite l’imbécile que je suis, parce que je saurais quoi faire d’autre de toute façon, seule. Car tous, nous sommes seuls. Seuls avec nos envies, nos passions, nos priorités, tout ce qui nous enchaîne et nous tient loin d’aller dire leur fait à ceux qui nous exploitent.

On peut s’estimer heureux et chanceux quand notre esclavage nous permet un toit décent et quelques menus plaisir auxquels on s’attache. Allez risquer tout cela pour une masse inconnue de gens plus malheureux que soi, c’est délicat…

La rage qui me vient est alimentée par cette hypocrisie : le Marché. C’est un mythe. Il n’existe pas de loi de l’offre et de la demande. C’est artificiel et réglementé plus sûrement que ne le ferait un régime marxiste. Chaque jour nous voyons se déployer sous nos yeux les manœuvres des monopoles ou des oligopoles. La concurrence et la privatisation ne sont qu’un leurre destiné à maintenir les mêmes prix, voire à les augmenter, avec une meilleure marge en rognant sur la sécurité, ou la qualité de service. Le désastre des années Thatcher n’a pas servi d’exemple. L’effondrement des économies pourries, américaine, ou irlandaise récemment, n’ont servi à rien.

Le Marché n’existe pas. La concurrence n’existe pas. Ce qui existe, c’est la cupidité et l’injustice.

23:20 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (7) | |  Facebook | | | | Pin it!