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20/04/2011

Escroquerie de marché

Hier soir il y avait une émission sur le logement en France, du luxe à la galère. Je ne l’ai pas regardé. Je n’ai pas aimé le titre, réducteur. Le problème du logement est une des plus vastes escroqueries de ce pays.

« Les réglementations ont aussi un effet pervers. On parle de « marché du logement » : si c'était un vrai marché, comme il y a une énorme demande, on construirait n'importe où. Heureusement, on régule ce marché, au nom de l’environnement, de la protection des paysages… On dit que c'est un marché, mais il n'arrête pas de produire de la norme, et la seule chose qui est libre c'est le prix, le loyer. Tout le reste est réglementé, et du coup, le prix n'a plus aucun sens : il n'est plus lié au coût de production du logement, ni à son coût d'entretien et de renouvellement. C'est un faux marché. Soit c'est libre, et alors on construit n'importe où, et les prix vont s'effondrer, soit c'est réglementé, et les loyers devraient l'être aussi. »  (Rue89)

 Je hais l’idée de la rente, l’idée que quiconque puisse être plus riche de son fauteuil, qu’une personne qui se lève tout les matins pour gagner sa vie. Aujourd’hui, ceux à qui le logement est le moins accessible, c’est cette armée de l’ombre qui travaille ses 35 heures ou plus, souvent fractionnées, qui courent après les heures payées au SMIC. Ces gens qui ont un CDI payé au salaire médian 2010 de 1580 € maximum… Maximum. « Les 1 580 €uros de salaire médian, 18 990 €/an, représentent ainsi une barrière, c’est à dire que 50 % des français gagnent moins que cela par mois et les 50 % d’autres gagnent plus. Dans la réalité statistique, ce sont donc les extrêmes qui comptent le plus. 10 % des français ont moins de 877 €/mois tandis que les 10 % les plus riches ont quant à eux au moins 2 962 €/mois de salaire. » (Sources Insee).  Mais il y a pire encore. Un lumpenproletariat structurel « Dès lors, la médiane tombe à 1332 euros. Mais c’est dans le bas de l’échelle que se font ressentir les différences. Les 25 % des salariés les moins bien payés touchaient moins de 9 000 euros net par an, soit à peine 73% du Smic, pour un revenu moyen de 3 710 euros, soit 30% du Smic. » (Source Marianne2)

Le loyer représente une part toujours plus importante des finances. A tort. C’est un marché protégé, avec des prix maintenus artificiellement. Prenez des propriétaires qui voient dans leur locataire une vache à lait, des salaires tirés toujours plus vers le bas malgré des qualifications en hausse, et vous aurez une situation révolutionnaire.

Ah non, pas en France. En France, on n’entend pas encore parler de désespérés qui s’immolent par le feu parce qu’ils ne peuvent se loger. En tout cas on n’en parle pas à la télévision, cette lucarne lobotomisant consciencieusement les foules. Mais on entend parler de gens qui meurent dans les flammes de leur taudis loué à prix d’or. Comme si notre indifférence les immolait.

Que faut-il pour que nous réagissions ? Moi, vous… Quelle limite l’indécence doit-elle franchir pour être insupportable ? Quelles excuses allons-nous encore trouver pour laisser les riches devenir encore plus riches ? Les pauvres encore plus pauvres ? Et nous ? Idiots de salariés ? Imbéciles esclaves consentants d’un système qui perd la tête… Nous formons nos propres chaînes, moi la première. Je dis souvent que j’aime la beauté où qu’elle se trouve, dans la musique, dans les livres, dans les vêtements…Toutes choses qui se financent.. je reste là avec mes contradictions honteuses, à accepter qu’un idiot exploite l’imbécile que je suis, parce que je saurais quoi faire d’autre de toute façon, seule. Car tous, nous sommes seuls. Seuls avec nos envies, nos passions, nos priorités, tout ce qui nous enchaîne et nous tient loin d’aller dire leur fait à ceux qui nous exploitent.

On peut s’estimer heureux et chanceux quand notre esclavage nous permet un toit décent et quelques menus plaisir auxquels on s’attache. Allez risquer tout cela pour une masse inconnue de gens plus malheureux que soi, c’est délicat…

La rage qui me vient est alimentée par cette hypocrisie : le Marché. C’est un mythe. Il n’existe pas de loi de l’offre et de la demande. C’est artificiel et réglementé plus sûrement que ne le ferait un régime marxiste. Chaque jour nous voyons se déployer sous nos yeux les manœuvres des monopoles ou des oligopoles. La concurrence et la privatisation ne sont qu’un leurre destiné à maintenir les mêmes prix, voire à les augmenter, avec une meilleure marge en rognant sur la sécurité, ou la qualité de service. Le désastre des années Thatcher n’a pas servi d’exemple. L’effondrement des économies pourries, américaine, ou irlandaise récemment, n’ont servi à rien.

Le Marché n’existe pas. La concurrence n’existe pas. Ce qui existe, c’est la cupidité et l’injustice.

23:20 Écrit par Océane | Lien permanent | Commentaires (7) | |  Facebook | | | | Pin it!

Commentaires

Que je suis d'accord avec toi Océane. "Allez risquer tout cela pour une masse inconnue de gens plus malheureux que soi, c’est délicat", ce constat si ecoeurant est bien réél. Je ne me reconnais pas la dedans, je ne veux pas m'y reconnaître, mais si inconsciemment j'y contribuai... *Nausées*

Écrit par : Steff | 20/04/2011

Oui, alors utiliser des mots aussi complexes que lumpenproletariat, c'est pas sympa le matin ! ;-)
L'absence de révolte vient peut-être aussi de la jeunesse, qui a grandi avec la conviction que le chômage nous attendrait à la fin des études, que c'était inéluctable... alors, comment lutter ? Par l'individualisme...
Enfin, je crois que c'est un raisonnement qui peut expliquer certaines choses, pas toutes.

Écrit par : Elizabeth | 21/04/2011

Le fait que la Bettancourt va payer 4 millions d'euros d'impôts en moins parce que les nouvelles réglementations font que son taux d'imposition devient le même que celui d'un smicard ? Tu crois que ça peut réveiller les gens ça ?

Écrit par : Memy | 21/04/2011

La volatilité de l'info et de la surenchère de catastrophes fontt oublier à la plupart l'essentiel : la Révolte. L'indifférence, pire la résignation est la loi du moins fort et c'est elle qui prédomine. Pathétique ! Je vis avec 400 €uros par mois, je n'ai pas peur de le dire, mais aurais-je encore un toit si mes parents n'avaient pas acheté la maison où je vis ? Propriétaire, oui et avec toutes les charges que cela implique et pas toujours les moyens de réparer les fuites, il faut avoir des plans D...merde ! Ce que peu savent, EN PLUS, c'est que les traders et autres banquiers chacals n'ont jamais cessé leurs spéculations et qu'ils pourraient à nouveau nous mettre au bord du gouffre et pour certains qui sont déjà au bord de la route, avoir un toit devient aussi irréel qu'un mirage... merci Océane de parler AUSSI de cela !! ;)

Écrit par : Asphodèle | 21/04/2011

Je trouve le commentaire du gars assez dogmatique. C'est quoi un "vrai marché" ? Il croit vraiment qu'en "laissant faire le marché", les prix baisseraient ? Même si les promoteurs construisaient n'importe où, et souvent ils ne s'en privent pas, ça ne ferait pas descendre les prix et les loyers pour autant.

"Tout le reste est réglementé, et du coup, le prix n'a plus aucun sens : il n'est plus lié au coût de production du logement, ni à son coût d'entretien et de renouvellement."

Faudrait savoir : quand ce n'est pas réglementé, c'est la loi de l'offre et de la demande qui détermine le prix, ou c'est le coût de production ?

Les loyers ne sont pas réglementés. Note bien que depuis la fin de l'économie administrée (les communistes quoi) c'est le cas de la plupart des prix. Pour les "grands économistes", les prix doivent être libres mais les salaires encadrés (pour éviter l'horrible inflation).

Or dans les prix, il n'y a que des salaires et des profits. Ca veut donc dire que les profits et les salaires des gros dirigeants sont libres, mais que ton salaire à toi doit être encadré.

Il faudra y penser quand le gros Kahn viendra nous chanter sa chanson.

Écrit par : Monsieur O | 21/04/2011

Bien dit! La question, c'est comment reprendre le pouvoir? Sûrement pas en votant pour les médiocres qui se présentent, toujours plus nombreux, aux élections...

Écrit par : Gwenaelle | 21/04/2011

la cupidité et l'injustice en effet. Nous vivons dans une humanité injuste, ou ceux qui souffrent rêvent de justice et de partage et où ceux qui s'enrichissent et dominent les autres ont eux ces deux mots en horreur. Les plus riches ont horreur des notions d'égalités. Brrr ! ces trois gros mots au fronton de nos mairies qui sonnent comme des insultes depuis Sarkozy, et parce qu'il n'est pas tout seul à penser bling bling comme lui-même: Liberté, égalité, fraternité. L'autre jour, je me suis aperçu que ça faisait si longtemps que j'avais entendu personne prononcer cette devise de la République que j'ai même eu du mal à me souvenir des trois mots qui la compose, j'ai hésité.

On a fait la révolution dans un bain de sang. 200 ans plus tard, les vieilles habitudes des dominants-dominés reviennent. Peut-être aurions-nous dû la faire autrement que dans la violence ? Pour qu'elle perdure jusqu'ici ? Des gens comme Gandhi ou Mandella nos ont montré que c'était possible.

Écrit par : Koulou | 22/04/2011

Les commentaires sont fermés.