Echange pipe contre Reverso Jaeger Lecoultre

L’idée que j’avais hier en entendant parler du “buzz” ELLE  au sujet de la fellation “ciment” du couple, c’était qu’une fois de plus on faisait dans le sensationnalisme béat pour vendre, et que dans le fond ça ressemblait bien à Elle de tenir des propos propres à faire hurler la moins féministe d’entre nous.

Puis à la lecture de l’article incriminé, je me suis dit que le problème n’était pas ELLE, mais les femmes, les hommes, et leur relation au sexe. Après tout, ELLE s’est contenté d’interroger des personnes, des témoins, et d’en rapporter les propos… Et lire des termes tels que « figure imposée », « dû » , « facteur important du développement durable » du couple, ça me laissa baba, la bouche ouverte si j’ose dire…

On parle là de témoignages, de propos rapportés… que le sujet soit ma fellation, le cunni, la sodomie, la levrette ou la brouette taïwanaise, le problème est le même : la façon dont cela est abordé. J’ai crû lire un manuel de stratégie guerrière, là où il s’agit de parler de jeu, de plaisir, de joie, de contentement d’être ensemble. ELLE n’offre aucun recul, aucune sorte de réflexion sur le sujet. On prend des propos de comptoirs de café (désolée pour les gens qui témoignent dans l’article..), on saupoudre ça d’un peu de légèreté et basta.

La seule question qui vaille d’être posée, et dans son intimité, c’est de savoir si on aime sucer ou pas, pour soi, pas pour rendre service, ou manipuler, ou monnayer je ne sais quoi. C’est étrange de lire, venant de témoignages féminins, que certaines sucent pour obtenir une décision litigieuse, ou pour récompenser monsieur d’avoir fait le repassage, la vaisselle, rangé le garage : en quoi est-ce une victoire, une fierté ? C’est au mieux ridicule ou pathétique.  Et c’est tout aussi ridicule et pathétique d’envisager la pipe comme valable s’il y a compensation par cunni en face. On est où là ? Au marché du cul, avec négociations de marchand de tapis ?

Quand à la fameuse position de « soumission » qu’on pourrait reprocher à la fellation, c’est risible. Pas besoin d’invoquer le fait qu’on tienne littéralement l’homme par les couilles à ce moment là pour se dédouaner de toute soumission. Comme s’il n’y avait qu’une seule position pour sucer son mec. Sérieux les filles (et les garçons) vous ne faites pas les pipes uniquement à genoux devant votre mec ? C’est une position que j’adore, mais c’est loin d’être la seule possible, alors venir arguer que sucer place celui qui prodigue la caresse en position d’infériorité : je ris. Il faudra qu’on songe à faire des schémas les chéris…

Tout ça pour dire à ELLE, aux interviewés de l’article, aux lecteurs, que l’acte sexuel, quel qu’il soit, fellation, pénétration anale, vaginale, triolisme et que sais-je, cet acte donc, n’a d’autre but que le plaisir réciproque. Et ce plaisir suppose de la spontanéité, du jeu, du lâcher prise, une vraie confiance… Comment autoriser même une réflexion basée sur des marchandages d’apothicaires ? (et j’ai connu des apothicaires modernes bien assez spontané pour que je n’ai pas à me poser ce genre de questions stupides…) Où sont le jeu, le plaisir, l’initiative du moment ? J’imagine certaines conversations intérieures et je sui atterrée « ok je le suce mais après c’est lui qui sort le chien ». Vous voyez le problème ?

Aimez le sexe, pour vous, pour le jeu, pour surprendre l’autre. Pas pour avoir une monnaie d’échange visant à stabiliser le couple : ça veut dire que le couple est pas terrible déjà…

La prochaine fois, nous étudierons la possibilité d’accepter une partie à trois avec son mec et une inconnue en échange d’un sac Mulberry ou d’une montre Reverso Jaeger Lecoultre.

Mon précieux....

Sur ce, have fun ! (Et sinon, Marie-Claire c’est plus sympa comme mensuel « féminin » ^^)